La princesse maudite by Kagawa

La princesse maudite by Kagawa

Auteur:Kagawa
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Harlequin


***

A la sortie du tuyau, nous fûmes accueillis par des bruits assourdissants de circulation routière. Après toutes ces journées passées dans la nature, ce fut un véritable choc. Nous nous trouvions dans une zone urbaine ; de grands bâtiments nous surplombaient de part et d’autre d’une rue encombrée de voitures. C’était l’heure de pointe. Sur le trottoir, des piétons avançaient tête baissée, absorbés dans leurs pensées. Personne ne parut remarquer l’adolescente débraillée et un peu ensanglantée qui sortait en rampant du tuyau d’écoulement, suivie par un gros chat.

– Bon ! m’exclamai-je avec un grand sourire.

Malgré mes soucis, j’étais ravie de retrouver mon propre monde… et éblouie par les tours de verre et de métal qui s’élevaient au-dessus de nous. L’air était beaucoup plus froid qu’en Louisiane, et une neige boueuse couvrait les trottoirs. Levant la tête, je contemplai les gratte-ciel et fus saisie d’un léger vertige.

– Où sommes-nous ?

– A Détroit.

Grimalkin plissa les yeux et balaya du regard la rue et les gens qui défilaient devant nous.

– Un instant. Il y a longtemps que je ne suis pas venu ici. Laisse-moi réfléchir.

– Détroit, dans le Michigan ?

– Chut.

Tandis que Grimalkin se murait dans le silence, un type dégingandé en sweat-shirt à capuche rouge s’avança vers nous d’un pas chancelant. Il tenait à la main une bouteille, cachée dans un sac en papier. Il ressemblait à un clochard, ou plutôt à l’idée que je m’en faisais, car je n’en avais jamais vu en vrai. Je n’étais pas trop inquiète, toutefois : nous étions dans une rue passante, entourés d’une foule de témoins qui m’entendraient crier s’il essayait de nous faire du mal. Sans doute allait-il me demander de la monnaie ou une cigarette avant de passer son chemin.

Mais quand il se fut approché et qu’il releva la tête, je vis que ses lèvres se retroussaient sur des crocs acérés. Dans l’ombre de la capuche, je distinguai un visage ridé et barbu, aux yeux jaunes ; ses pupilles ressemblaient à celles d’un chat. Il se planta devant moi, le regard mauvais. Une horrible odeur de chair décomposée, d’œuf pourri et de poisson séché assaillit mes narines et me souleva le cœur.

– Écoute, ma jolie, grogna-t-il. Tu viens de là-bas, hein ? Je veux y retourner ! Ramène-moi !

Je reculai d’un pas… et vis Grimalkin bondir devant moi, gonflé en boule et deux fois plus gros que d’habitude. En entendant son miaulement, le clochard s’arrêta net et écarquilla les yeux. L’instant d’après, il poussa un cri et s’enfuit en courant, bousculant les piétons devant lui. Ceux-ci se mirent à jurer et se lancèrent des regards furieux, mais ils semblaient n’avoir pas remarqué le clochard qui s’enfuyait.

– C’était quoi, ça ? demandai-je à Grimalkin.

– Un norrgen, soupira-t-il. Ils sont vraiment repoussants. Le plus bizarre, c’est qu’ils ont une peur panique des chats. Celui-là a sans doute été banni du pays de Nulle Part, et il voulait que tu l’aides à y retourner.

Je cherchai le norrgen du regard, mais il avait disparu au milieu de la foule.



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